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Les journalistes citoyens de “Bellingcat” repèrent des partisans de Daesh…grâce à une erreur très stupide

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En voulant apporter leur soutien à la nouvelle campagne de propagande de Daesh, des sympathisants de l’organisation terroriste ont clairement divulgué leurs lieux d’habitation. Face à cette faille, les journalistes du site d’investigation Bellingcat se sont régalés.

La négligence, ça ne pardonne pas. Et les sympathisants de Daesh risquent gros sur ce coup-là… Ce samedi 21 mai, dans le cadre de la dernière campagne de propagande de Daesh, le porte-parole du groupe terroriste, Abu Mohammed al-Adnani, délivrait un message audio à ses partisans. Dans son discours, il invitait notamment à attaquer les infrastructures civiles et militaires d’Europe et des Etats-Unis en juin, mois durant lequel a lieu le Ramadan.

Des sympathisants trompés par leur bêtise

Bien mal lui en a pris, car dans la foulée, des dizaines de sympathisants islamistes affichaient leur soutien sur les réseaux sociaux… en commettant un oubli de taille. Pour témoigner leur allégeance, ces derniers ont posté, la plupart du temps sur Telegram, des photos de leurs propres bras brandissant des morceaux de papiers sur lesquels ils affichaient leurs messages de soutien à Daesh.

Sur ces photos, de nombreuses villes européennes apparaissent en arrière-plan. Sheera Frankel, journaliste à Buzzfeed News, y voit “une intention d’installer la peur, en montrant que le groupe a des supporters dans les principales villes d’Europe”. Mais une faille semble claire : une fois le décor de la photo reconnue, localiser ces sympathisants devient très facile, certains d’entre eux ayant même ajouté leurs adresses précises.

Germany is leading in messages of support for ISIS AlFurqan media. Here is another note dated today from #Cologne -> pic.twitter.com/YSWmx0f08q

— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 21 mai 2016

Les internautes reconnaissent Amsterdam, Paris, Münster…

Très vite, Eliot Higgins, fondateur du site de journalisme participatif et citoyen Bellingcat, a fait appel aux internautes via Twitter pour identifier ces lieux. Plusieurs personnes ont ainsi déjà reconnu les villes que l’on aperçoit sur les photos des partisans de Daesh, comme cette intersection au nord de la ville allemande de Münster.

ISIS supporter in #Germany shows his solidarity for #ISIS while walking on the streets of the city of #Münster today pic.twitter.com/uQ7beyEOao

— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 21 mai 2016

Sur une autre photo pro-Daesh apparaissent un bus à impériale rouge en arrière-plan ainsi qu’un panneau indiquant le métro de Londres. Peu de temps après, un internaute identifiait la station nord-londonienne Bruce Grove. Sur celle-ci, située à Amsterdam, plusieurs personnes ont rapidement localisé sa proximité avec l’aéroport Schiphol.

ISIS Fanboy number 4 geolocated in Holland, thanks to the many of you that helped https://t.co/ZjUBXaSxIR pic.twitter.com/XW5i0p7cjA

— Eliot Higgins (@EliotHiggins) 21 mai 2016

Cet autre partisan pro-Daesh situé à Paris est pointé du doigt pour sa stupidité, puisque l’enseigne Suzuki notable sur la photo parle d’elle-même. Et comme il n’y a qu’une douzaine de magasins Suzuki dans Paris…

Here ISIS supporter in #Paris. With these proISIS msgs, group creates impression that they have worldwide network pic.twitter.com/DKZjDdeNO2

— Jenan Moussa (@jenanmoussa) 21 mai 2016

Mais qui se cache derrière Bellingcat ?

Ce n’est pas la première fois que le site Bellingcat aide à résoudre une enquête publique. En juillet 2015, les journalistes de cette nouvelle plate-forme d’investigation clarifiaient des infos cruciales au sujet du crash du Boeing 777 MH17 survenu en Ukraine un an auparavant. En étudiant des images satellites et en épluchant les réseaux sociaux, plusieurs médias de journalisme citoyen, dont Bellingcat ou CORRECT!V, concluaient ainsi, huit mois avant les médias traditionnels, que le missile avait été tiré depuis le territoire des séparatistes pro-russes.

Et pourtant, Bellingcat n’en était qu’à ses balbutiements. Lancé le 15 juillet 2014 par le journaliste et blogueur anglais Eliot Higgins via une campagne de financement Kickstarter, ce tout nouveau site de journalisme citoyen vise à mener des enquêtes d’investigation grâce à des ressources (vidéos, images, cartes…) en open-source, c’est-à-dire mises à la disposition de tout le monde. ”Des cartels de drogue mexicains aux conflits du monde entier“, comme le précise le site, Bellingcat est aujourd’hui composé d’une vingtaine de personnes. Ancien gamer reconverti, Higgins, 36 ans, gère son site à plein temps mais ne paie pas ses blogueurs : 100 % participatif, on a dit.

Yahoo

Daech Leaks : portraits-robot de jihadistes marocains de Daech

djihadistes marocains
Le Desk s’est procuré des fiches de combattants marocains ayant rejoint l’organisation État islamique en Syrie. Elles éclairent un peu plus les profils psychologiques et sociologiques des candidats marocains au jihad, peu instruits et radicalisés en un temps record sous l’oeil crédule de leur famille.

Les documents confidentiels de l’État islamique, fuités par un ex-combattant de l’organisation jihadiste à un certain nombre de médias, révèlent des détails éclairants sur les combattants marocains : leur origine sociale, leur niveau d’éducation et leurs connaissances religieuses.

Le Desk a obtenu une liste non-publiée d’une dizaine de jihadistes marocains, livrée par les médias publics allemands (NDR et WDR) et le journal Süddeutsche Zeitung, lesquels disposent d’une liste de plus de 22 000 combattants ayant rejoint Daech.

Le frère de Abou Oussama al Maghribi serait encore en vie en Syrie

S’il fallait retenir un nom parmi les combattants marocains répertoriés dans les fiches, c’est celui de Othmane el Mahdali, qui n’est autre que le petit-frère de l’un des plus sanguinaires jihadistes de nationalité marocaine au sein de Daech, Abdelaziz el Mahdali aka Abou Oussama al Maghribi, qui occupait, jusqu’à son assassinat en janvier 2014 par des membres du front Al Nosra, le poste de commandant militaire de l’organisation dans la ville stratégique d’Alep.

Son petit-frère, de son nom de guerre Khattab Chamali, né le 10 avril 1990 au quartier de Rass Louta à Fnideq, a repris le flambeau. Des sources proches de la famille de Mahdali ont confirmé au Desk que le jeune serait encore vivant sur les champs de bataille en Syrie, mais qu’il n’a pas atteint la position de son frère et parrain au sein de l’organisation, lequel était l’un des protégés de Abou Omar Chichani, l’un des chef militaires de Daech, récemment déclaré mort par le Pentagone américain.

C’est suite à une tazkiya [recommandation] de son frère, qui était parmi la première vague de jihadistes marocains à atterrir en Syrie, que Othmane a pu rejoindre les rangs de l’organisation terroriste. À 23 ans, le jeune marocain fait son baptême du feu jihadiste –  à la mi-septembre 2013, cinq mois uniquement après l’arrivée du frère ainé.

La fiche consultée par Le Desk ne donne pas d’information sur les lieux de présence de Khattab Chamali en Syrie pendant ces trois années, ou bien sur les batailles auxquelles il a participé, mais tout laisse à croire qu’il a commencé à rejoindre la faction de son frère à Alep, comme l’ont fait plusieurs jihadistes marocains originaires de Fnideq.

Les documents révèlent que Othmane, vendeur ambulant, non-marié, est arrivé en Syrie muni de son passeport, ce qui laisse supposer qu’il a pris un vol régulier depuis l’aéroport Mohammed V jusqu’à Istanbul, avant de traverser la frontière via le point de passage de Atemeh, près d’Idlib.

Le jeune homme qui a quitté l’école dès l’école primaire, et qui a un niveau d’éducation religieuse très simple, comme le précise le formulaire, a opté pour le statut de combattant : il n’a pas choisi d’être kamikaze. Dans sa dernière apparition publique, une vidéo publiée par la communication de Daech en mars 2014, il est filmé lisant le testament de son frère, aux côtés d’autres combattants marocains.

Les jihadistes marocains ont un niveau d’éducation et d’instruction religieuse faible

Les fiches dont on dispose confirment que la majorité des jihadistes marocains sont jeunes (22-40 ans), ont un niveau d’éducation très faible — la plupart de ces jihadistes ont quitté l’école dès le primaire ou le secondaire —, et un niveau d’instruction religieuse qui varie entre le « simple » et le «  moyen ». C’est d’ailleurs le cas d’une grande partie des combattants de l’État islamique de différentes nationalités comme le montre une analyse statistique réalisée par le site syrien d’opposition Zaman al wasl sur un échantillon de ces milliers de fichiers.

4,5 % uniquement de ces jihadistes ont suivi un minimum d’éducation religieuse. Autre constat, une petite analyse des profils montrent que le nombre de jihadistes ayant occupé des emplois qualifiés avant de rejoindre Daech reste très limité. La majorité des profils exerçait des métiers de base au Maroc.

daeshleaks

Profil-type de la recrue jihadiste : un homme discret et peu bavard

Abdelwahed Chaabi, aka Abou Talha al Janoubi, originaire du quartier de Boudraa à Kasbat Tadla, arrivé en Syrie le 28 octobre 2013 via le passage frontalier d’Atemeh, est l’exemple du jeune discret qui a pris tout le monde au dépourvu après son départ en Syrie. Contactée par Le Desk à partir du numéro de téléphone qu’il a laissé à son arrivée en Syrie, la sœur de Abdelwahed a affirmé que la famille est sans nouvelle de lui depuis plus d’une année. « Il m’appelait de temps à autre pour me dire qu’il allait bien mais ça fait un bon moment qu’il ne l’a pas fait. On ne sait pas s’il est encore en vie ou pas.  Chaque fois qu’on entend des nouvelles de la mort d’un marocain, on s’imagine que c’est lui. Notre mère est très malade. La dernière fois qu’il a appelé, il a refusé de revenir, en disant qu’il se sentait bien là-bas », raconte sa sœur au Desk, en confirmant l’existence d’autres jeunes de la ville qui ont voyagé en Syrie, ce qui concorde avec les documents en notre possession.

Si les circonstances de son départ sont encore mystérieuses pour sa famille, on conclut de sa fiche que Abdelwahed faisait probablement partie des éléments recrutés sous la recommandation de Abou Oussama al Maghribi, ou de son réseau. « On ne sait pas qui l’a manipulé, et comment il a eu son passeport et qui l’a financé. Nous n’avons pas d’argent. Il était très timide, lorsqu’on regardait ensemble les informations sur ce qui se passe en Syrie, il ne faisait jamais de commentaires. Sinon on aurait su ce qui se passait dans sa tête » , se rappelle sa sœur.

Abou Talha al Janoubi, qui a quitté les études au niveau primaire, a enchaîné les petits boulots précaires, et non stables, un jour tailleur, selon sa fiche, le lendemain vendeur ambulant, comme le précise sa sœur. Avant son départ, il avait cessé de travailler, sans qu’aucun changement dans sa personnalité ne soit constaté chez ses proches.

L’histoire de Salaheddine, ou Abou al Mothana al Maghribi, un jeune de Meknès, est semblable à celle de Abdelwahed. Lui aussi a quitté sa famille sans prévenir, un certain mois d’avril de l’année 2013. Selon sa mère contactée par Le Desk, des proches de certains jihadistes marocains l’ont informé de son décès en 2014 dans des combats en Syrie. « Il n’a jamais évoqué le sujet de la Syrie avec nous, il était plâtrier et parfois il faisait un peu de commerce. Il était bien ici. Un jour il a disparu et on a appris qu’il était en Syrie. Il ne nous a jamais appelé », explique sa mère.

Des centaines de marocains prêts à mourir « en martyr »

D’autres jihadistes marocains ont préféré rester discrets et se sont contentés de donner peu d’information à leur arrivée en Syrie. C’est le cas de Mustapha Zite, qui a préféré ne pas divulguer le nom de sa ville d’origine, son niveau d’éducation, ou son état familial. Sa fiche ne mentionne que son année de naissance, 1983. Ce dernier n’opte pas pour un nom de guerre non plus, et  ne mentionne même pas s’il veut combattre ou s’il est prêt à se suicider en kamikaze, à la différence du tangérois Abdelmohsen Bouzekri  — Abou al Jarah al Maghribi —  parti de son quartier natal al Hanae pour débarquer en Syrie en septembre 2013.

Selon des sources du Desk, des centaines de marocains ont inscrit leur nom comme kamikaze potentiel dès leur arrivée en Syrie.

Kacem Bakkali, de la prison de Salé à la mort en Irak

A l’opposé d’autres profils récemment radicalisés après le déclenchement de la guerre en Syrie, Kacem Bakkali de Larache était déjà connu par les services sécuritaires marocains pour son passé salafiste et ses idées extrémistes. Selon des sources locales à Larache, le concerné a déjà passé six ans à la prison de Salé pour son appartenance à un réseau jihadiste.

Abou Ishak al Maghribi de son nom de guerre, est l’exemple parfait de ceux pour qui l’expérience en prison a renforcé la radicalisation. Quelques mois seulement après sa sortie de prison en juillet 2012, il rejoint les terres du jihad en Syrie dans les rangs du mouvement Cham al Islam, sous la direction du vétéran du jihad marocain en Afghanistan Ibrahim Benchekroun, dans la ville de Lattaquié. Mais il quitte vite la faction de Benchekroun — Abou Ahmed al Maghribi — pour rejoindre l’État islamique en octobre 2013. Selon nos sources, il est mort au combat en Irak en septembre 2014. Bakkali, né en 1984, était chauffeur de camion dans sa vie civile. Il laisse derrière lui une femme et un enfant.

 

Le Desk

Comment la « mode » Daesh sème les graines de la terreur

vetement daech

A la suite des attaques terroristes de Bruxelles et le suicide à la bombe à Istanbul, BoF (Business of Fashion) enquête sur comment « la marque » de vêtements Daesh contribue à alimenter la machine mortelle du groupe terroriste en menant des sympathisants sur la route du djihad.

ERBIL, Iraq – c’est un design simple. Un drapeau noir avec une ligne de texte en arabe, et dessous, un cercle avec un peu plus d’arabe dedans. C’est un emblème sans signification pour certains, mais pour d’autres, celui-ci est profondément significatif. Ces mots sont une déclaration de foi dans l’Islam. Durant les deux dernières années, ce symbole de religion a été piraté et politisé par un groupe terroriste basé sur l’horreur. Et pour ceux que cela intéresse, il est disponible en t-shirts, pull, bodys et plus encore.

En termes de reconnaissance de marque, la Shahada (le texte) et le sceau du prophète (le cercle dessous) ont été presque entièrement appropriés par le drapeau de l’Etat islamique, le groupe terroriste qui se détache de l’Irak et de la Syrie en un soi-disant califat, imposant sa propre interprétation de l’islam à des millions de personnes. Le drapeau indique des points de contrôle de Daesh, des vidéos de propagande et même une partie de son équipement militaire.

Il a aussi, comme tout logo le peut, fait son chemin vers un plus large publique. On peut voir des variations sur des bandanas portés par les enfants dans les vidéos de propagande de Daesh et sur les uniformes des combattants dans son magazine Dabiq. Les hommes – et, moins souvent, les femmes – qui ont commis des actes terroristes au nom de Daesh sont souvent trouvés plus tard sur des photos avec le même genre de bandeaux, drapeaux et vêtements.

La diffusion agressive du message du groupe, et sa capacité persistante  à rallier de jeunes hommes et de jeunes femmes à sa cause, soulève des questions sur la façon dont les gens passent de la curiosité à l’action. Le développement et la portée de la « marque » Daesh est une part centrale de ceci. Un logo à un point de contrôle sert à un objectif militaire immédiat, mais un logo sur un communiqué sert à faire passer le message de la marque. Et comme la plupart des marques, tôt ou tard, quelqu’un en fait un t-shirt.

Durant les deux dernières années, les pulls et t-shirts marqués du logo Daesh ont surgis dans des magasins d’Istanbul et du sud de la Turquie, un marché libanais, et dans plusieurs boutiques en ligne, y compris une localisée en Indonésie. En août dernier, un homme a été arrêté et accusé de terrorisme en Espagne pour avoir vendu des vêtements d’enfants de la marque Daesh et des sweatshirts sérigraphiés représentant le meurtre de l’humanitaire britannique Alan Henning par « Jihadi John ». Les retentissements du logo ont été repérés à travers le Moyen-Orient, et les locaux disent que les vêtements et accessoires peuvent être vus sur des sites partisans de Daesh.

Ce n’est pas le seul exemple de vêtements utilisés pour avertir ou supporter un groupe illégal ou une idéologie violente : le Ku KluxKlan, l’IRA, Hezbollah, al-Qaida et autres groupes néo-nazis avaient créé leurs boutiques bien avant Daesh. Mais cette fois, disent les experts, c’est différent.

Fin 2013 et début 2014, Al-Tamimi a repéré la marque de vêtement Daesh dans un marché de Tripoli, Liban. Elle a disparu lorsque les autorités ont fait une descente, mais d’autres accessoires ont été vus plus récemment dans le sud de la Turquie, un canal pour les combattants en Syrie. C’est moins cher, les prix sont réduits pour certaines choses : les bandeaux et t-shirts avec des logos, probablement imprimés dans la région pour un marché local. Selon les recherches menées par BoF, les t-shirts se vendent généralement entre 5 et 10$, et les sweat entre 25 et 30$. En tant que phénomène en développement, il n’y a rien d’officiel à propos de vêtements et aucun financement susceptible d’être lié aux recettes de Daesh.

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Problèmes juridiques

La légalité de faire, vendre ou porter des vêtements de la marque Daesh dépend des lois locales contre le terrorisme, et établir une juridiction sur le contenu numérique a été difficile. Dans le cas où les vêtements sont répertoriés sur Facebook et vendu en Indonésie, Facebook ferme les pages.

Au Royaume-Uni, la loi antiterroriste « Terrorist Act 2000 » prohibe le port de vêtements qui suscite la suspicion qu’une personne est membre ou partisan d’une organisation interdite. L’infraction, prévue en réponse à une activité terroriste en Irlande du Nord, est un signe non seulement que les législateur ne désirent pas que les gens se regroupent autour de publicités de groupes terroristes, mais aussi qu’ils reconnaissent qu’il y a un spectre d’engagement avec une idéologie, et porter un t-shirt peut porter la curiosité vers la violence.

« Notre approche consiste à intervenir le plus tôt possible dans les processus de radicalisation afin d’essayer de les perturber. Faire d’une infraction le fait d’être membre d’une organisation, de glorifier le terrorisme, de porter ce genre de vêtement, est tout ou partie de cette tendance,» explique l’expert légal de Londras.

« Le gouvernement fait valoir que tout cela est une atteinte à la liberté d’expression, il est justifié et ne va pas au-delà des limites de ce qui est nécessaire car les officiers de police ont un pouvoir discrétionnaire, » ajoute-t-elle.

L’incident de juillet 2015, lorsqu’un homme est entré au Parlement de Londres, portant le drapeau de Daesh parle de cela : la police a discuté avec lui, déterminé qu’il n’était pas une menace, et l’ont laissé partir.

Dans certains cas, les gens connaissent la loi et leurs droits si bien qu’ils peuvent rester juste dans les limites de la loi, même s’ils ont un message extrême à faire passer. Abdullah raconte que les autres derrière Islamica Online ont utilisé cet équilibre pour les vêtements qu’ils produisaient et la façon dont ils en ont fait la publicité.

« On voulait rester très discret à propos de cela. Nous ne voulions pas être très explicites à ce sujet car nous allions finir en prison. Nous étions prudents, » dit-il.

L’expert légal en contre-terrorisme Helen Fenwick racontait à BoF que le gouvernement britannique travaillait pour faire avancer un projet de loi contre l’extrémisme. Si cela arrive, le port de vêtement qui s’apparente à un extrémisme violent est plus susceptible d’être une infraction,  arrêt complet.

« Si les gens sont attirés par l’idéologie extrémiste, il est probable que l’étape suivante consiste en une sorte d’implication dans des actes terroristes, » dit Fenwick.

« Si nous prenons en compte que diverses communautés estiment que le gouvernement devrait faire davantage pour éviter en particulier aux jeunes attirés par le terrorisme, ensuite prendre des mesures contre l’extrémisme, qui si elles sont traitées correctement, devraient être au moins une partie de la réponse. »

Plus d’un an après avoir renoncé à la violence et se déclarant lui-même comme un ancien radical, BoF a demandé à Abdullah s’il se serait senti coupable s’il avait vendu ses vêtements à quelqu’un qui aurait fini sur le champ de bataille en Syrie. A-t-il considéré les t-shirt comme un lien significatif dans une chaîne dévastatrice ?

« Si quelqu’un avait effectivement porté ces vêtements et fini par se battre à l’étranger, je me serais senti coupable. Car ça reste dans la continuité de la même idéologie, » dit-il.

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La route vers le djihad

Les voies vers le djihad en Syrie et en Irak, ou toute autre ville où Daesh a commis des actes terroristes ces derniers mois comme Bruxelles et Paris, ne commencent sans doute pas avec un t-shirt.

« Je n’ai jamais vu des vêtements être le début de toute chose, » dit le chercheur en extrémisme Al-Tamimi.

Mais après il a rappelé un incident survenu en Juin 2014 à Cardiff, Pays de Galles, quand un groupe de sympathisants de Daesh et certains membres ont soulevé des drapeaux et des hamburgers grillés tout en portant leur t-shirt montrant ce logo. Le « barbecue de Daesh » n’était pas sans importance : « Cardiff est l’un de ces épicentres en Grande-Bretagne de personnes qui ont effectivement rejoint Daesh, » se souvient-il.

La recherche suggère que le voyage type pour rejoindre Daesh commence généralement sur le plan social – avec un sentiment d’appartenance. Les t-shirt, bandeaux ou insignes d’épaule sont une marque de cette appartenance.

 

Businessoffashion

« Ils en savent plus sur le fonctionnement d’Internet et des jeux vidéo que sur le Coran »

daesh film

Abdelasiem El Difraoui, a gagné de nombreux prix internationaux pour ses reportages et documentaires, notamment pour Le Siège de Bagdad, qu’il a réalisé, et pour Tahrir 2011, qu’il a coproduit. Il a conseillé le gouvernement allemand en matière de politique étrangère et est actuellement senior fellow à l’Institut de recherches sur la politique des médias et de la communication de Berlin. Sa thèse, dirigée par Gilles Kepel, a paru sous le titre Al Qaida par l’image. La prophétie du martyre (PUF, 2013) .

Quelque chose qui frappe d’emblée, ce sont les moyens qui sont déployés par Daech dans sa propagande : vidéos travaillées, organes de presse, utilisation intense des réseaux sociaux… Comment Daech organise-t-il sa propagande, quels sont ses moyens ?
Abdelasiem El Difraoui : Pourquoi s’étonne-t-on que ces mouvements djihadistes aient des moyens de production à leur disposition ?  Ils en savent plus sur le fonctionnement d’Internet et des jeux vidéo que sur le Coran  Parce que l’on n’a pas assez analysé ce phénomène. Depuis 30 ans, ces gensqui sont des professionnels de la communication ont tout essayé, ils ont leurs théoriciens médias, ils ont extrêmement réfléchi à ce qu’ils voulaient faire, à la narration qu’ils veulent construire, notamment à travers l’image et des codes visuels empruntés aux symboles de l’islam. Aujourd’hui, Daech a le grand avantage de bénéficier de tous les outils de la révolution 2.0, des réseaux sociaux. Par ailleurs, le prix des caméras HD et de l’ensemble du matériel a tellement chuté que faire une vidéo, un film d’horreur très spectaculaire va leur revenir à 5 000 ou 6 000 euros, c’est-à-dire rien. Ils ont également du personnel très formé, leurs propagandistes sont vraiment des digital natives des enfants de l’âge numérique, des réseaux sociaux, du rap, nés dans cet univers et qui connaissent toutes les productions d’Hollywood, notamment ce qui a été produit de pire. Ils en savent plus sur le fonctionnement d’Internet et des jeux vidéo que sur le Coran.
Ils ont également dans leurs rangs des théoriciens des médias, un département médias, qui, combinés avec leur moyens techniques, aboutissent à un mélange très explosif qui nous inquiète énormément quand on voit ce qu’ils sont capables de produire comme matériel de propagande…
 
 
De nombreux articles de presse évoquent les publications de Daech (comme Dabiq), mais Al Qaida, déjà, avait des publications destinées à un public non arabophone, comme Inspire fabrique au Yémen par un Américain. Donc, peut-on dire que ce qui se passe aujourd’hui correspond davantage à un changement de degré qu’à un changement de nature dans la communication djihadiste ?
Abdelasiem El Difraoui : Oui, c’est un changement de degré, mais il se passe plusieurs choses. L’émergence des réseaux sociaux les a aidés, au début surtout, à construire une communication très diffuse, très décentralisée mais, à côté de ça, ils ont aussi une communication très centralisée. Ils ont des unités médias dans chaque district qu’ils administrent. Nous ne voyons qu’une infime partie de leurs productions car ils en réalisent énormément en direction des populations locales, ce que nos médias ne nous montrent pas. Aujourd’hui, ils recentralisent leur communication, il ne faut pas qu’elle se répande de façon incontrôlée parce qu’ils ont très peur des conséquences sécuritaires : tous ces jeunes qui ont tweeté, facebooké se sont rendus, souvent, géolocalisables. Leur message est une construction. Dabiq, ou Dar-Al-Islam par exemple (diffusés sur Internet), comme toute leur communication, reprend le symbolisme d’Al-Qaida et des organisations antérieures, ils l’ont remis au goût du jour, adapté à une jeunesse européenne mais aussi à une jeunesse arabe, donc à une jeunesse de plus en plus globalisée. Dans Dabiq, et c’est très intéressant, on trouve des hommages à Ben Laden, qu’ils revendiquent, afin de concurrencer et d’embêter Al-Qaida.
Ces gens-là ont toujours utilisé la technologie dernier cri, les derniers effets spéciaux. Aujourd’hui, les caméras, les logiciels de montage sont devenus grand public, ce qui les aide énormément.
A-t-on une idée du nombre de personnes qui travaillent dans les médias ou la communication de Daech ?
Abdelasiem El Difraoui : Au moins quelques centaines. Déjà au niveau central, ils sont entre trente et quarante. Après, il y a tous ces gens que l’on ne voit pas, qui, dans chaque ville, s’occupent de l’information locale, à Mossoul, à Raqqa, etc.
Cette production locale a-t-elle un contenu très différent ? À quels objectifs répond-elle ?
Abdelasiem El Difraoui :  Nous ne voyons en Occident qu’une infime partie de ce qu’ils produisent  On voit déjà cela dans la revue Dabiq. Ils veulent montrer qu’ils sont capables d’assurer le ravitaillement des populations qu’ils contrôlent, ils montrent que les cliniques fonctionnent, que les différents services, comme le ramassage des ordures sont assurés, etc. Mais ce n’est souvent pas vrai. En même temps, il y a aussi les exécutions au niveau local décrétées par leurs tribunaux pour terroriser. Cela concerne des gens très ciblés localement dont, en Occident, nous n’entendrons pas forcément parler. Ils montrent également des aspects qu’ils estiment très « positifs » : comment sont distribués les stylos dans les écoles, les prêches d’un imam local de Daech… Nous ne voyons en Occident qu’une infime partie de ce qu’ils produisent vraiment.
Cela marque-t-il une rupture par rapport à Al-Qaida ? Vous expliquez dans votre livre qu’Al-Qaida en Mésopotamie, le prédécesseur de l’État islamique, à commencer à filmer des actions humanitaires auprès de la population mais que ce type de contenu disparaît au profit de vidéos d’attentats et d’exécutions…
Abdelasiem El Difraoui : Il faut être conscient que l’« État islamique » était encore affilié à Al-Qaida en 2006. Mais il y avait déjà à l’époque une controverse au sein d’Al-Quaida sur le fait de montrer ou non l’ultra violence. Il me semble important de le rappeler aujourd’hui.
Peut-on déjà faire un bilan de ce que nous avons compris de cette propagande ?
Abdelasiem El Difraoui : Si l’on veut poser les bases d’un travail de contre-propagande et de prévention, il faut une analyse et un décodage approfondi de cette propagande.
Cela nécessite des bases de données centralisées auxquelles des chercheurs puissent avoir accès. Et le moment viendra où toutes ces images intéresseront réellement les historiens.
Les Norvégiens sont les premiers à avoir constitué une base de données de ce type, à l’Institut norvégien de recherche sur la Défense (FFI), à Oslo. On trouve aussi des compagnies commerciales aux États-Unis, comme l’Intel Center, mais si l’on ne veut pas être dépendants d’eux, il faudrait archiver ces documents pour les générations à venir comme on l’a fait pour le nazisme. La France devrait mettre en place une banque de données de ce type, cela nous donnerait, au fil du temps, une clé de compréhension inédite.
 La propagande djihadiste est la première propagande qui a utilisé Internet à grande échelle pour la mobilisation  Ce qui est aussi important à retenir, c’est que la propagande djihadiste est la première propagande qui a utilisé Internet à grande échelle pour la mobilisation. Il y a certes eu les altermondialistes, mais si on regarde cela historiquement, ce sont vraiment les djihadistes qui ont exploité, plus que n’importe quel homme ou mouvement politique en Occident, toutes les possibilités du web 2.0. Si l’on applique la théorie de la mobilisation des ressources asymétriques (avec très peu de moyens, on crée un impact énorme), c’est cela qu’ils ont réussi à faire et c’est vraiment impressionnant.
Vous avez évoqué tout à l’heure les débats qu’il y avait eu sur la méga violence au sein d’Al-Qaida. Pourriez-vous revenir dessus ?
Abdelasiem El Difraoui : Le chef d’Al-Qaida actuellement, qui était à l’époque le chef adjoint, de Ben Laden, l’égyptien Ayman al-Zawahiri, a écrit une lettre au fondateur de l’État islamique en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui – surnommé le Boucher de Bagdad –, pour lui enjoindre de cesser les exécutions atroces, car il pensait que cela allait créer des réactions de rejet parmi les sympathisants potentiels.
Il faut noter que cette ultra violence pornographique a une durée de vie très courte. Une fois que vous avez brûlé vif quelqu’un, une fois que vous avez coupé un certain nombre de têtes, le choc créé par ces images s’émousse, et « l’audimat » chute une fois que vous avez franchi un certain seuil. Les jeunes ne vont pas regarder 500 fois de suite ce genre de vidéos contenant des exécutions horribles.
Il faut aussi rappeler que ces gens-là se situent et réfléchissent à l’échelle d’un temps très long. Ils ont très bien compris que le temps des médias européens ou mondiaux est un temps très court. Par exemple, après les attentats de novembre 2015 à Paris, ils ont diffusé leurs revendications deux semaines après, à un moment où l’actualité mondiale était très faible.
 Ils ont des archives de folie sur toutes nos productions qui les concernent  Et contrairement à l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), qui ne conserve pas les films djihadistes, eux ont des archives de folie sur toutes nos productions qui les concernent.
Par exemple, Al-Qaida a réalisé un film en 2005 sur le 11 septembre 2001, Razzia sur Manhattan, qui dure 1 heure et demie, qui est extrêmement bien documenté avec tous les pirates de l’air du 11 septembre. Ils ont pris des extraits de très vieilles interviews des chaînes américaines ou même des extraits d’un film que j’ai fait sur Ben Laden[+]. Ils pratiquent une veille média extrêmement poussée, qu’on a du mal à imaginer. Ils conservent et archivent tout ce qui se dit sur eux. Ils le regardent attentivement et savent s’en resservir pour leur propagande.
Quels sont les principaux objectifs de la propagande de Daech ?
Abdelasiem El Difraoui : Il existe plusieurs niveaux d’objectifs. Premièrement, des objectifs de propagande classique : assurer le financement, le recrutement, semer la peur, etc.

Mais il existe d’autres niveaux. Je pense qu’ils sont convaincus qu’ils vont rentrer dans une sorte de cosmologie ou de mythologie de l’islam. C’est, pour eux, une façon de s’immortaliser, d’écrire un grand récit, une épopée à la Star Wars, car tout cela, c’est une mise en scène avec déguisements. On peut très bien imaginer tous ces types en jean et tee-shirt, ou en costard, ou avec des costumes traditionnels. Ils essaient de créer leur grand récit et d’entrer ainsi dans le grand récit de l’islam, de créer une épopée, une saga. Ils mettent en scène leur mythe du salut qui se joue en deux fois. La première fois, leurs déguisements signifient : regardez-nous, nous sommes la vraie communauté des croyants, à l’exemple du Prophète, nous sommes les seuls vrais musulmans et si vous venez chez nous, tous vos péchés seront oubliés et si, en plus, vous vous faites exploser au combat ou lors d’une attaque suicide, vous allez rentrer au paradis avant les autres musulmans qui attendront, eux, le jour du jugement dernier…

Quels sont les codes les plus importants des contenus médiatiques qui sont produits par Daech ?
Abdelasiem El Difraoui :  Qui est aujourd’hui le plus célèbre, le logo de Daech ou celui de Coca-Cola ?  Déjà, certains codes vestimentaires instaurés par Al-Qaida. Ensuite, des codes qui leur sont propres : leur logo, qui est en fait le sceau du Prophète, est d’une puissance extraordinaire. On peut se poser la question : qui est aujourd’hui le plus célèbre, le logo de Daech ou celui de Coca-Cola ? Hier, à France 2, j’étais invité à participer à un débat avec les journalistes et les responsables de différentes émissions, et j’ai préconisé de ne plus montrer le logo de Daech qui est en fait un détournement total, un vol, puisque ce symbole appartient à l’islam tout entier. Et quand on le voit aujourd’hui, on ne pense pas « sceau du Prophète », on pense : c’est le logo de Daech. Donc, il ne faudrait plus le montrer. C’est un détournement extrêmement efficace.
Ce qui demande une capacité d’analyse de ces détournements…
Abdelasiem El Difraoui: En effet, et lors de ce débat, personne ne savait que le logo de Daech était en réalité le sceau du Prophète volé par Daech…
Quel est le théoricien ou l’idéologue qui influence la stratégie médiatique de Daech ?
 
Abdelasiem El Difraoui : Au niveau de la propagande, on cite toujours Abou Moussab Al-Souri, mais on peut se demander si de nouveaux théoriciens propagandistes ne sont pas à la manœuvre. C’est encore Al-Souri qui est de plus en plus cité par la presse française. Ce dernier dit qu’il faudrait créer une matrice du djihad et ne pas tout centraliser ni tout hiérarchiser. Son but est de créer une matrice qui peut être reprise par le plus grand nombre possible, stratégie qui s’adapte très bien au web 2.0.
On peut aussi citer Abou Bakr Naji[+], dont je parle dans mon livre. Lui aussi a élaboré une théorie politique et une théorie des médias. Sa théorie politique préconise de créer le chaos total, son livre — publié sur Internet en 2004 — s’appelle d’ailleurs La Gestion de la barbarie. Son idée est la suivante : il faut créer un état de barbarie totale car les gens vont se tourner vers les djihadistes pour être protégés, ce qui va leur permettre d’enraciner un État islamique. Au niveau des médias, il préconise de détruire ce qu’il appelle le « halo médiatique mensonger » qui met en scène la soi-disant omnipuissance des États-Unis et leurs alliés, car  les Américains et les Européens ne sont pas si forts : ce sont les films hollywoodiens qui donnent cette impression de force exagérée, qui font peur aux masses musulmanes comme aux masses opprimées dans le monde. En parvenant à démontrer cette illusion médiatique, il espère obtenir plus de soutiens. Daech retourne donc les codes hollywoodiens en médiatisant son ultra violence pour montrer à quel point l’Occident est faible.
Et qu’ils sont capables de faire mieux qu’ Hollywood…
Abdelasiem El Difraoui :  Ces gens qui, normalement détestent les images, les ont retournées contre l’Occident  En effet, ils veulent montrer qu’ils sont capables de faire plus fort, mais en organisant de vrais « spectacles » pour terroriser. Ce qui était déjà une partie de l’idée des attentats du 11 septembre 2001. La philosophe Marie-José Mondzain, dans son L’Image peut-elle tuer ?[+], parle de façon très brillante de la façon dont ces gens qui, normalement détestent l’image, les ont retournées contre l’Occident.
Comment expliquez-vous ce paradoxe, alors qu’ils se prétendent ultra-orthodoxes ?
Abdelasiem El Difraoui : Parce que le djihad permet tout. Il est le sixième pilier de l’islam et, donc, ils considèrent que l’on peut tout faire pour parvenir à ses fins, mentir, boire, se déguiser, nier sa foi, tuer des innocents, utiliser les images… C’est bien pour cela qu’on les appelle djihadistes, en fait….
Comment se positionnent les autres médias par rapport aux productions médiatiques de Daech, notamment les médias arabes, comme Al Jazeera ?
 
Abdelasiem El Difraoui : Je pense que c’est fluctuant. Au début de l’insurrection syrienne, les Qataris était complètement contre Assad, c’est à dire en partie pro-djihadistes mais pas forcément pro-Daech — plutôt pro Al_Nusra ; aujourd’hui je ne sais pas. Je pense qu’ils n’ont plus vraiment intérêt à soutenir les djihadistes, mais il y a des enjeux géopolitiques de premier ordre pour les Saoudiens, à savoir contrer les Iraniens présents en Syrie avec tous les moyens, en même temps il y a eu aussi attaques djihadistes très violentes sur leur propre sol.
 La grande question, c’est le positionnement de nos médias  La grande question, c’est le positionnement de nos médias. À chaque nouvelle vidéo de menaces, les médias en font état et s’y attardent, alors que l’analyse de leur stratégie est très peu faite et surtout, on se laisse envahir par leurs images. Or, si l’on regarde les dernières images de nos voisins du sud de la Méditerranée, elles donnent à voir soit les réfugiés, soit Daech et rien d’autre. On ne voit rien de la culture arabe, des jeunes Arabes qui résistent, des activistes démocrates qui existent encore en Tunisie et en Égypte. On ne voit que la terreur et les réfugiés. Cela créé des polarisations et des clivages énormes. On n’aperçoit même plus nos voisins du Sud comme des êtres humains, on ne partage plus rien avec eux. On est complètement dominés par ces représentations qui peuvent, à terme, avoir des conséquences horribles.
Quelle image de l’Occident Daech diffuse-t-il dans les territoires qu’il domine ?
Abdelasiem El Difraoui :  Ils nous connaissent beaucoup mieux que nous ne les connaissons  leur propagande est axée sur une conspiration mondiale contre les musulmans. Daech vise plusieurs cibles : les régimes « apostats » arabes, les chiites qu’ils appellent les hérétiques, l’Iran, l’Occident, les Juifs, en fait tout le monde sauf eux. Il paraît qu’ils ont interdit les antennes satellitaires, parce qu’ils en ont très peur… Encore une fois, ils nous connaissent beaucoup mieux que nous ne les connaissons. Ils connaissent bien nos médias. Ils savent très bien comment ils fonctionnent. La télévision est le média le plus important dans le monde arabe : chaque foyer qui a un minimum d’argent, même les pauvres, ont des antennes satellitaires, ils sont scotchés devant, donc ils savent très bien à quoi ça ressemble.
Trouvez-vous que l’on diffuse trop ces images, leurs images, dans les médias ?
Abdelasiem El Difraoui : Absolument, et il faut arrêter. Par exemple, ce film sorti très récemment, Salafistes[+],c’est une catastrophe totale, c’est de la propagande pure pour Daech.
Vous seriez partisan que ce ne soit pas diffusé au cinéma ?
Abdelasiem El Difraoui : Non, mais l’interdiction à 18 ans me convient[+]… Mais ce film ne donne aucune clé de lecture et colle exactement à leur discours ! Il ne décrypte rien, c’est inadmissible ! C’est un très mauvais film à la base, mal monté. Il donne la parole à des djihadistes et les laisse parler, sans rien critiquer, au nom de l’islam. On voit les djihadistes dire : « On tue parce que c’est la charia », mais personne ne vous explique ce qu’est la charia. Personne ne sait ce qu’est la charia !
J’ai fait un film qui a été diffusé par Arte en 2008, intitulé Le Langage d’Al-Qaida, où tout est contextualisé. Mais dans Salafistes, il n’y a aucune explication. Imaginez, dans les années 1930, un documentaire dans lequel on montrerait dix nazis sans aucun commentaire, en France. On ne comprendrait pas ce qu’est le nazisme, mais on aurait relayé le discours nazi tout au long du film …
Vous estimez que les États-Unis, concernant Daech mais même à l’époque d’Al Qaida, ont pris assez tôt conscience de l’importance de la propagande par l’image, mais que les Européens, eux, ont pris du retard…
Abdelasiem El Difraoui :  La France a pris un énorme retard  La France, particulièrement, a pris un énorme retard. Pourquoi n’a-t-elle pas de banque de données ? Les Allemands ont, par exemple à Berlin, un centre de veille pour tout ce qui se passe sur Internet.  Les renseignements ont des chercheurs qui peuvent intervenir publiquement. Les efforts de contre-propagande — terme que je n’aime pas, je préfère parler de contre-récit ou de récit alternatif — sont encore  très pauvres, sans parler de leur ton. « Stop djihadisme », lancé par le gouvernement, etc., c’est quand même trop souvent une blague. Vous avez vu leur tweet « Arrivée à Raqqa, aussitôt veuve, enceinte, elle cherche depuis à se faire sauter » ? (ce tweet a depuis été corrigé).
Ça ne va pas très loin notre effort de contre discours.
Il faut vraiment mettre quelque chose en face. Il faut proposer des images positives de ce qui se passe dans le sud de la Méditerranée, chez nos voisins. Il faut élaborer des discours alternatifs très forts et subtils. Il faut dire, en effet, que la discrimination existe en France comme en Allemagne mais qu’un jeune a beaucoup plus de chances de s’en sortir ici que nulle part ailleurs. Il faut contrer la propagande djihadiste avec des arguments très très laïcs. Il faut réfuter leur idéologie. Il y a visiblement un manque de volonté politique pour réellement le faire.
Combien de chercheurs aujourd’hui travaillent, comme vous, sur ces sujets en Europe et en France ?
Abdelasiem El Difraoui : En Europe, je dirai peut-être une trentaine, une quarantaine de chercheurs et un certain nombre de jeunes étudiants veulent s’engager dans ce type de recherche. Quant à moi, je travaille depuis 30 ans sur le djihadisme, mais je ne veux pas devenir « djihadologue » pour le restant de mes jours.
En Europe, les Norvégiens font un excellent travail, notamment le Centre de recherche de la défense norvégienne qui a des chercheuses et des chercheurs très brillants. L’un d’eux, Petter Nesser, vientdesortir un énorme livre sur le djihadisme européen. Ils ont, en outre, constitué une banque de données des films qu’ils mettent à jour et qui comporte des milliers de films.
Le problème de l’Allemagne, c’est que cette recherche est trop éclatée. Les gens sont dans des universités à 500 km les uns des autres et les réseaux européens sont encore très faibles. Il existe une unité de recherche à l’université de Dublin qui s’occupe beaucoup, avec un centre londonien, de la propagande sur Internet. Ils ont obtenu 2 ou 3 millions d’euros de l’Union européenne, mais en France, nous n’avons pas réussi à mettre ça en place, ou trop peu, car le monde universitaire se bagarre en permanence.
Comment vous qualifieriez les limites de la propagande de Daech ?
Abdelasiem El Difraoui : Ils ont réellement très peu de choses à proposer de positif. Certaines personnes sont peut-être contentes de vivre sous Daech, parce que leur façon d’appliquer la charia a créé une certaine forme de stabilité. Comme en Afghanistan, ou dans d’autres régions, il vaut mieux avoir une mauvaise loi, certes, et soi-disant divine, mais appliquée avec des règles identifiables plutôt qu’un arbitraire total. À part ça, cette relative stabilité dans un monde qui a connu le chaos, ils ont très peu de choses à proposer.
Pour un sunnite en Irak, il est parfois mieux de vivre sous Daech parce les règles sont claires. Daech ne commet pas de vexations permanentes contre les sunnites, par exemple. C’était pareil sous les talibans en Afghanistan. Au lieu de se faire taxer arbitrairement à chaque barrage, d’être rançonné par tel ou tel groupe, mieux valait l’ordre taliban. Daech fait alors valoir qu’il a rendu la région plus stable, plus sûre, qu’il n’y a pas de vols, qu’il existe une certaine démocratisation économique. Par exemple, le commerce du pétrole était vraiment aux mains du régime en Syrie, et là, il y a plein de petits entrepreneurs qui se mettent artisanalement à faire du raffinage dans leur cour. Donc, une partie de la population en tire bénéfice. Ceci dit, ils n’ont pas de projet sociétal à proposer. Même le califat, personne n’a défini ce que cela voulait dire réellement. De même, ils n’ont pas de projet économique. Le pire c’est qu’il n’y a pas de projet au sens culturel. Ils ne créent rien. Les gens là-bas adorent la musique, la poésie, faire la fête… mais ils n’en ont plus le droit.
Leur préoccupation est avant tout eschatologique ?
Abdelasiem El Difraoui : Oui, eschatologique et un calcul géopolitique mais aucun projet culturel, scientifique ou de société.
 Ils ont pris en otage l’imagerie collective de l’islam  Leur propagande se contente de dire : on va restaurer la gloire de l’islam des premières années et ils mettent ça en scène avec leurs mascarades et leurs costumes, avec le calife tout vêtu de noir, etc. Ils font appel à une symbolique du paradis perdu, de l’âge d’or perdu. Ils ont vraiment pris en otage l’imagerie collective de l’islam. Ils utilisent le mythe fondateur de toute une culture.
Leur propagande est aussi très axée sur la théorie du complot. Il y a, selon eux, un complot mondial contre l’islam etc. Ils réactivent des blessures très réelles et très profondes infligées par les Européens. Par exemple, la première guerre aérienne dans cette partie du globe a eu lieu en Irak sous mandat britannique dans les années 1920 : des bombardements massifs des tribus chiites dans le sud. Aujourd’hui, on ne va pas bombarder Bachar el-Assad, mais on bombarde la population vivant dans les territoires syriens contrôlés par Daech. De même, Saddam Hussein a été longtemps armé par des gouvernements européens et américains, etc. Cela crée des sentiments d’injustice qui peuvent être très facilement détournés. Daech exploite très bien tout ça.
L’Éducation nationale aurait un rôle à jouer pour expliquer cela aux jeunes Français ?
Abdelasiem El Difraoui :  Ils ont peur du Front national  Évidemment, et elle le ne fait pas. Je trouve inadmissible que, dans les écoles, on n’explique pas ce qu’est le djihadisme, on n’explique pas non plus ce qu’est la grande culture arabo-musulmane, quels sont les liens entre les trois grands monothéismes, ce que l’Occident a appris des Arabes au niveau de la médecine, des mathématiques, de la philosophie, etc. Et ça, c’est essentiel parce que Daech ne veut pas entendre parler de ce genre de choses, mais alors pas du tout. Et hélas, cela ne se fera probablement pas, car nous sommes en France dans une année pré-électorale et que l’optique est complètement sécuritaire. Tout ce qui relève de la prévention est délégué à des hauts fonctionnaires qui peuvent servir de fusibles et pensent à leur propre carrière. Résultat, c’est l’immobilité  car ils ont peur du Front national. C’est en tout cas l’analyse que font certaines personnes, qui travaillent là-dedans et sont un peu critiques.
Vous récusez le terme de contre-propagande. Comment faudrait-il appeler cela, selon vous ?
Abdelasiem El Difraoui :  Il faut des récits qui doivent contrer et démasquer leur propagande, leur bêtise affligeante  Je parlerais plutôt de récit alternatif. Il faut des récits qui doivent contrer et démasquer leur propagande, leur bêtise affligeante, leurs détournements. Mais, ensuite, il faut construire des récits alternatifs. Il ne faut pas se positionner toujours contre, il faut dire « regardez, il existe toutes ces autres choses-là ».
 On leur donne un temps d’antenne démesuré, et c’est tomber dans leur piège  Dans cet échange que nous avions, Marie-José Mondzain, moi et les journalistes de France 2, l’un d’eux nous a demandé : « Vous avez une nouvelle vidéo de menace signée Daech, qu’est-ce que vous en faites ? Notre réponse a été : « Ne la montrez surtout pas, mais parlez de la menace  pour ensuite très vite contextualiser et expliquer les réalités dans les théâtres du djihad». Chaque fois qu’il y a une actualité tragique, montrez aussi la culture qui existe, la vie de ces personnes. Par exemple, sur les réseaux sociaux on trouve une vidéo qui s’est diffusée viralement, réalisée par trois jeunes Syriens et Libanais réfugiés dans un pays scandinave : ils ont fait une chanson sur la beauté de leur culture, d’autres vidéos parlent de gens qui ont créé un orphelinat, etc. Alors qu’il y a des milliers de choses positives qui se passent encore dans ces pays, on donne la parole à Daech ! On leur donne un temps d’antenne complètement démesuré, et c’est tomber dans leur piège. La presse et l’Assemblée se mobilisent pendant 2 mois sur la déchéance de nationalité, qui ne servira a rien, et pendant ce temps on ne fait rien.
 C’est très dangereux de mettre tous ces gars ensemble, ça fait Djihad Académie  Il est urgent de mobiliser de manière positive ! Regardez les centres de déradicalisation, annoncés par Manuel Valls : c’est juste un effet d’annonce et c’est très dangereux de mettre tous ces gars ensemble, ça fait un peu « Djihad Académie ». Ils vont faire ça quelque part dans le centre de la France, en Creuse, en commençant apparemment la matinée avec levée des couleurs, c’est aberrant… Tout ça pour dire qu’il est capital de comprendre tous les aspects de la radicalisation, parce que le djihadisme va continuer.
INA GLOBAL

« Ma conversation avec un djihadiste »

daesh libye entretien

Thomas est journaliste indépendant. Dans le cadre de recherches sur le quotidien des populations civiles sous le joug du groupe Etat islamique, il a échangé sur Facebook avec un djihadiste basé en Libye. Il raconte.

« Bonjour, je suis Tom. Journaliste indépendant. J’aurais souhaité échanger avec vous concernant la vie de la population civile au sein des terres conquises par l’État islamique. Intérêts, vie quotidienne, etc. Merci d’avance. » Sa réponse: « Bonjour, est-ce que tu reproduiras exactement ce que je te dis? La majorité des journalistes sont des infidèles menteurs. »

C’est ainsi que je commençais ma première conversation avec un djihadiste sur les réseaux sociaux. Avant d’écrire ma première phrase, je me suis posé un million de questions sur la façon d’entreprendre cet échange. Comment l’aborder? Je lui dis quoi? « Bonjour »? « Salut »? En arabe ou français? Ce sont pourtant des mots futiles de la vie de tous les jours, mais la différence avec le quotidien, c’est mon interlocuteur…

Il est sénégalais, marié, il semble être jeune, peut-être 25 ou 30 ans, et appartient au groupe Etat islamique. Il dit qu’il est combattant, depuis « un an au poste ». Il se trouve dans la province de Tripolitaine, « Wilayat Tarabulus », au nord ouest de la Libye. Facilement joignable, il semble prendre plaisir à parler avec des « kouffar » (pluriel de kafir, infidèle, NDLR).

Je me retrouve à la place de l’interviewé

En début d’année, j’ai commencé à faire des recherches sur l’enjeu stratégique des populations au sein de l’Organisation Etat islamique. Pour finaliser mon article, j’ai décidé de faire cette interview. Je voulais avoir le point de vue d’un combattant vivant dans ce groupe terroriste, histoire de voir si la propagande « officielle » de l’EI est similaire à la pensée des djihadistes.

Très vite, je me retrouve à la place de l’interviewé et lui, du journaliste. Le djihadiste sénégalais me pose tout un tas de questions, à la façon d’un interrogatoire: « Pour quel journal tu travailles? Tu es français? T’habites où? » La vitesse et le ton sont donnés. Après avoir pris une grande respiration, je réponds le plus simplement possible. Je souhaite -du moins, j’essaye- de rester le plus vague possible concernant ma vie privée.

Grâce à son profil sur Facebook, j’ai une vague idée du personnage. Il s’affiche sans retenue, publie des statuts contre le droit de vote. « C’est un acte qui mène au pire des péchés, le Shirk (péché qui consiste à associer d’autres dieux ou d’autres êtres à Dieu, NDLR). » Il cherche à montrer sa supériorité. Il veut prouver qu’il a de vraies connaissances en matière de religion, de géopolitique. Il rentre dans des débats sans fin avec des compatriotes sénégalais.

« Sa femme, inscrite pour une opération martyre »

Au départ, je souhaite rester distant, puis lui demande si je peux le tutoyer. « T’es musulman? » Je réponds par la négative. « Je ne tutoie pas avec un non-musulman (sic). » La réponse ne me surprend guère. Mais je ne veux pas perdre cette occasion de l’interviewer, donc je renchéris et lui demande si les réponses qu’il me fournit viennent de lui ou d’un supérieur hiérarchique par qui mes questions doivent transiter. « Ca vient directement de moi [...] Un moudjahid ne ment pas. »

Nous parlons des autres djihadistes qui constituent son entourage. D’après lui, il y a de nombreuses nationalités. Dans une démonstration peu convaincante, il tente de démontrer que la vie en Libye est meilleure depuis l’arrivée de l’EI. Il évoque la sécurité, la répartition équitable des biens et gains… Ainsi que la possibilité de montrer son appartenance à l’islam en tout liberté. Il agrémente la conversation de « hadiths » (paroles que l’on attribut au prophète Mahomet, NDLR).

Après quelques questions sur sa vie privée, la place de son épouse au sein de l’organisation, il en vient à la phase de test et m’annonce l’inscription de cette dernière pour une « opération martyre ». Restant perplexe concernant cette dernière phrase, je demande si la politique interne de l’organisation a changé sur le rapport femmes au combat et aux opérations suicide. De ce que j’en sais, aucune femme n’a encore pris les armes pour combattre pour l’EI, ni même conduit de voiture piégée… Il répond: « Oui, mais ça viendra un jour. »

Il poursuit: « Vous croyez que l’organisation se base sur des personnes pour exister? Là est l’erreur. C’est Allah qui garantit cette organisation, tant qu’on lui soumet nos visages et qu’on lui obéit sans injustice. Allah accordera cette organisation la réussite devant nos ennemis. » Et conclut, autour de 23 heures, sur ses mots: « Je te laisse, je vais bosser, » comme n’importe qui pourrait le dire en partant travailler.

Depuis, nous avons échangé à nouveau. Au cours de cette discussion, il m’a averti qu’il allait apparaître dans une vidéo de félicitations aux « martyrs » des attentats de Bruxelles. Fier.

L’Express

Une «bombe sale» aux mains de Daech ? La question agite les experts nucléaires

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Dix jours seulement après les attentats de Bruxelles revendiqués Daech, le scénario catastrophe d’une «bombe sale» entre les mains de jihadistes de l’Etat islamique (EI) va peser sur les travaux d’un sommet international sur la sûreté nucléaire organisé jeudi et vendredi à Washington (Etats-Unis) par le président Barack Obama.

Le locataire de la Maison Blanche, qui quittera le pouvoir en janvier, avait lui-même lancé en avril 2010 ce rendez-vous d’une cinquantaine de pays réunis dans la capitale fédérale américaine. Dans un discours resté fameux donné à Prague (République tchèque) en avril 2009 sur «un monde sans armes nucléaires», Barack. Obama avertissait que le risque d’une «attaque nucléaire» représentait «la menace la plus immédiate et la plus extrême pour la sécurité mondiale».

Des médias belges et internationaux rapportaient ces derniers jours que la cellule islamiste bruxelloise des attaques du 22 mars avait prévu de fabriquer une «bombe sale» radioactive, à la suite d’une surveillance par vidéo d’un chercheur du Centre d’études nucléaires (CEN) de Mol (Belgique) mise sur pied par les frères Bakraoui, deux des kamikazes de Bruxelles. par ailleurs, Le jour des attentats le gouvernement belge décidait en urgence le renforcement de la sécurité des centrales nucléaires, craignant qu’elles ne soient ciblées.

Washington propose de sécuriser les infrastructures nucléaires belges

Le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme Gilles de Kerchove avertissait aussi samedi dans «La Libre Belgique» qu’une éventuelle cyberattaque, une prise de contrôle par internet, «d’un centre de gestion d’une centrale nucléaire» par des mouvements jihadistes pourrait survenir «avant cinq ans». Le recul de Daech  en Syrie et en Irak lui font craindre des attentats en Europe. Et juste après le carnage dans la capitale européenne, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano prévenait : «Le terrorisme se répand et la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés ne peut pas être exclue».

Signe de l’inquiétude de Washington, la Maison Blanche a proposé à la Belgique «l’assistance» des Etats-Unis «pour protéger les infrastructures nucléaires» du pays, qui a d’ailleurs déployé des militaires autour de ses centrales.

Bien que le sommet sur la sûreté nucléaire ne soit pas exclusivement consacré au risque terroriste, des pays de la coalition militaire internationale anti-jihadiste se réuniront en marge de la conférence plénière.

Si très peu d’experts pensent que le groupe EI puisse un jour se doter d’une arme atomique, beaucoup craignent qu’il ne s’empare d’uranium ou de plutonium pour tenter d’assembler une «bombe sale». Un tel engin ne provoquerait pas d’explosion nucléaire mais la diffusion de radioactivité aurait de terribles conséquences sanitaires, psychologiques et économiques. Quelque de grammes d’iridium, un matériaux très radioactif, ont été volés en novembre 2015 dans le sud de l’Irak, à Bassorah, avait révélé l’agence Reuters en février.

La Russie absente du sommet

D’après des données de l’AIEA, quelque 2.800 incidents relatifs à des trafics, possessions illégales ou pertes de matériaux nucléaires ont été répertoriés dans le monde ces 20 dernières années. Et selon des experts américains en non-prolifération, le stock mondial d’uranium hautement enrichi s’élevait à la fin de 2014 à 1.370 tonnes. L’essentiel se trouve en Russie.

Mais Vladimir Poutine sera absent de la réunion, tout comme les dirigeants d’Iran et de Corée du Nord, aux programmes nucléaires controversés.  Le président Obama doit accueillir une cinquantaine de dignitaires étrangers, parmi lesquels ses homologues français François Hollande, chinois Xi Jinping, sud-coréenne Park Geun-Hye, turc Recep Tayyip Erdogan, ukrainien Petro Porochenko, ainsi que les Premiers ministres japonais Shinzo Abe et indien Narendra Modi.

L’entretien Obama-Hollande portera sur la Syrie et la lutte contre le terrorisme, a indiqué Paris en soulignant que les deux dirigeants «se rencontrent chaque fois qu’il le faut, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont d’accord sur tout».

Le Parisien

Une nouvelle video aux lendemains des attentats de Bruxelles

Comme ce fut le cas aux lendemains de Paris, daesh a publié une vidéo après les attaques de Bruxelles le 22 mars dernier.

Ceci permet de confirmer en image son implication et évidemment de proférer de nouvelles menaces.

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Sans titre, cette vidéo dure 3’44 sur un son « type » nasheed en français. Trois longues minutes pendant lesquelles un assemblement d’images déjà connues (cf.  media belges ou d’anciennes vidéo de propagande) s’enchaînent autours de 3 combattants dont un francophone qui donne la bonne parole: « Ceci est un message aux peuples croisés: américains, européens et Russes. Tant que vos gouvernements tuent les musulmans, vous serez toujours une cible légitime pour nous« . Mais l’organisation se trahit en disant cela et omet de dire que sur le champ de bataille les musulmans restent les premiers visés par ses attaques. Les chiites sont des cibles privilégiées ces derniers temps…

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C’est dans un décor de ruines que les 3 combattants déguisés en parfaits soldats s’expriment. Nous déplorons que cet uniforme flambant neuf ne soit pas celui des gens qui combattent. D’ailleurs, nombre de plans sont réalisés sur l’accoutrement des 3 comédiens en herbe.

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La dernière minute de la video est en arabe sous-titrée en français. Daesh semble vouloir se justifier en reprenant un principe bien connu pour légitimer la vengeance : (cf. photo ci-dessous)

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Enfin, les frappes de la coalition sont imagées en tant que « piqûres de moustiques ». Il semblerait ces derniers temps que cela démange du côté de Palmyre.

Les chefs de Daech si cruels que même leurs combattants les plus fidèles désertent ?

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Est apparue sur internet une vidéo montrant une file interminable de gens vêtus de noir, qui affirment être des combattants de Daech fuyant la brutalité du groupe terroriste à cause du traitement brutal et du manque de confiance de leurs supérieurs.

« Ils nous ont tués. Ils ont dit que nous étions des infidèles. Ils nous ont harcelés jusque dans nos maisons. Ils doutaient de nous. Nous les soutenions et ils doutaient de nous, » a déclaré à Reuters un jeune homme excédé. Pour corroborer son histoire, l’ancien membre de Daech a même montré ce qui semblerait être une carte d’identité de l’entité terroriste.

Daech a connu ces derniers temps une diminution drastique de ses revenus pétroliers et de nombreuses défaites sur le terrain, surtout depuis le début de la campagne russe contre le groupe terroriste. Cela a conduit de nombreux miliciens à déserter et à fuir les zones contrôlées par Daech.

Le professeur Ryan Mauro, un analyste de l’organisation américaine Clarion Project, a confié à RT que ces évolutions suggèrent que Daech est en proie à la peur et à la paranoïa. Plus encore, cela signifie que les combattants de Daech sont sous pression, ce qui laisse augurer une évolution positive de la situation, a-t-il ajouté.

La semaine dernière, Daech a exécuté en public plus de 20 de ces propres miliciens pour avoir tenté de déserter. L’exécution avait pris place à Mossoul, la deuxième plus grande ville d’Irak, qui est un bastion de Daech depuis juin 2014.

PressTv

Syrie: les Etats-Unis annoncent que le chef militaire de Daesh serait mort

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Un responsable militaire américain annonce mardi soir qu’Omar al-Shishani, dit « Omar le Tchétchène », serait mort. Le chef militaire de l’organisation terroriste Daesh a « probablement été tué » dans un bombardement aérien mené par les Etats-Unis la semaine dernière sur la Syrie.

« Les premières évaluations indiquent qu’il a été probablement tué avec 12 autres combattants » du groupe jihadiste, selon ce responsable. « Omar le Tchétchène », de son vrai nom Tarkhan Tayumurazovich Batirashvili, était de nationalité géorgienne, selon le Pentagone.

La frappe a eu lieu « le 4 mars », dans la zone de Chaddadé, un bastion jihadiste du nord-est de la Syrie que l’EI venait de perdre au profit des forces locales alliées de la coalition, les Forces démocratiques syriennes, a précisé ce responsable.

Omar al-Shishani, connu pour son épaisse barbe rousse, est considéré comme le plus haut responsable militaire du groupe EI, a précisé la source interrogée par l’AFP. L’administration américaine offrait 5 millions de dollars pour des informations fiables sur lui.

BFM

Confessions d’une ancienne esclave sexuelle de 13 propriétaires de daesh

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Nadia Murad avait seulement 19 ans quand son village situé dans le nord de l’Irak a été pris d’assaut par les forces de l’État islamique. « Ils sont arrivés à Sinjar le 3 août 2014, et l’emir [leader] de l’EI nous a dit qu’il nous laisserait en vie si nous acceptions de nous convertir. Mais personne n’a voulu le faire », m’a-t-elle confié.

« Le 15 août, vers 11 heures, ils ont demandé aux gens de mon quartier de se réunir dans une école, qui était divisée en deux étages. Ils ont emmené les femmes, les filles et les enfants au premier étage, tandis que les hommes restaient au rez-de-chaussée. J’ai essayé d’emmener mes neveux, mais ils leur ont demandé de lever les bras – s’ils avaient des poils [sous les aisselles], ils devaient rester en bas. »

Par la fenêtre, Murad, sa mère, ses sœurs – et des centaines de femmes et d’enfants venant du village yézidi de Kocho – ont vu l’État islamique massacrer les hommes et les garçons qu’ils avaient réunis. « Nous pouvions voir tout ce qu’il se passait dehors – ils tiraient sur les hommes et en décapitaient certains. Ils en ont rassemblé d’autres dans des bus. Mes six frères ont été tués ce jour-là. »

En discutant avec Murad, j’ai très vite réalisé que j’étais en train d’enregistrer une personne ayant témoigné de crimes de guerre sordides. De nombreux traducteurs se laissent submerger par l’émotion et éprouvent de la difficulté à mener leur mission à bien. Ceux qui maîtrisent le kurmandji, le dialecte kurde de Murad, viennent généralement de la même communauté yézidie persécutée par l’État islamique.

Le 3 août 2014, les troupes kurdes ont quitté Sinjar, et – pour reprendre les termes de la princesse yézidie Oroub Bayazid Ismail – ont laissé les yézidis « face à leur destin ». Au cours de ces deux dernières années, environ 6 000 personnes ont été réduites en esclavage, des milliers d’hommes ont été exécutés, et un nombre terrifiant de viols et de trafics d’êtres humains ont eu lieu. En mars 2015, un rapport des Nations unies déclarait que ces actes pourraient constituer un « génocide » contre les Yézidis.

Murad faisait partie des milliers de femmes capturées pour faire office d’esclaves sexuelles aux combattants djihadistes. Aujourd’hui, elle vit en Allemagne et a récemment pris la parole au Conseil de sécurité des Nations unies pour évoquer les tortures et les abus dont elle a été victime. Elle vise toujours à éveiller les consciences sur les souffrances que traverse la communauté yézidie. En janvier dernier, elle a été ajoutée à la liste des lauréats pressentis pour le Prix Nobel de la paix.

Avant que l’EI n’envahisse Kocho, Murad vivait dans une grande maison de son village avec sa mère et ses 12 frères et sœurs. Son père est décédé en 2003. « Quand j’étais petite, nous étions très pauvres. Mais quand mes frères ont commencé à travailler, notre vie s’est considérablement améliorée. Nous avions un grand jardin derrière notre maison – la moitié était pour nous, l’autre était réservée à nos animaux », s’est-elle souvenue.

Murad a raté une année de cours entre le collège et le lycée, car sa mère ne voulait pas qu’elle se rende toute seule dans la ville voisine où se trouvait l’école la plus proche. Quand un collège a ouvert ses portes à Kocho, elle y a étudié jusqu’à ses 17 ans et a passé l’équivalent de la troisième. « L’histoire était ma matière préférée – j’étais très douée pour apprendre mes cours par cœur. Mais maintenant, ma mémoire n’est plus aussi bonne, j’ai tendance à mélanger des trucs dans ma tête. »

Le dernier souvenir qu’elle a de sa mère se déroule dans son ancienne école. « Nous n’avons plus jamais entendu parler d’elle, ni même des 80 autres femmes qui ont été enlevées avec elle, après que les forces de l’EI ont tué tous les hommes. » Le fond d’écran de son téléphone – dont elle ne semble jamais se défaire – est une photo de sa mère, vêtue pour une célébration yézidie.

« Quand Sinjar a été libéré, ils ont trouvé une fosse commune avec 80 femmes dedans. Mais cette fosse n’a pas encore fait l’objet d’une enquête, et je ne suis pas sûre qu’elle y soit. » Jusqu’ici, les enquêteurs de Yazda – un groupe composé de membres de la diaspora yézidi et de personnes qui les soutiennent – ont étudié 19 fosses communes (sur les 35 qui se trouvent à Sinjar). Ils estiment que 1 500 des 6 000 dépouilles trouvées ont été identifiées, ou sont désormais correctement préservées.

La première fois que j’ai rencontré Murad, c’était en juillet dernier, quatre mois après qu’elle se soit échappée des mains de ses ravisseurs à Mossoul. Elle s’est rendue au Royaume-Uni avec deux anciennes prisonnières de l’EI et l’ancienne députée irakienne Ameena Hasan Saeed, qui l’a aidée à fuir. Murad a décrit en détail comment elle s’est fait attaquer, violer et vendre dans les rangs des troupes de l’EI, avant de vivre trois mois de captivité durant lesquels 13 différents propriétaires l’ont maintenue enfermée.

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À l’époque, elle m’avait montré des cicatrices provenant de brûlures de cigarette – elles lui avaient été infligées par des combattants qui travaillaient pour son premier propriétaire, un commandant nommé Salman. « J’étais au deuxième étage, et j’ai trouvé une petite fenêtre par laquelle j’ai sauté. Un des gardes de Salman m’a trouvée et ramenée. J’aurais pu mourir de cette chute, et après ça, je crois que j’aurais vraiment préféré cette option. »

Murad a finalement réussi à s’échapper quand son dernier propriétaire, un chauffeur de bus de l’EI, est parti lui acheter une abaya pour qu’elle puisse sortir de Mossoul. Elle a couru et frappé à toutes les portes qui se trouvaient sur son chemin, jusqu’à ce qu’une famille accepte de l’abriter. Elle est restée chez eux pendant deux semaines, avant de passer les postes de frontière grâce aux papiers de leur fille. Elle a ensuite été transportée en ferry et a retrouvé son frère à Tel Afar, dans le nord-ouest de l’Irak.

Après sa fuite, elle a vécu dans l’un des nombreux camps de réfugiés bondés de Dahuk, dans la région autonome du Kurdistan. Dans le cadre d’un projet de quotas mené par le gouvernement fédéral du Bade-Wurtemberg, elle a obtenu un visa pour résider en Allemagne en septembre 2015. Aujourd’hui, elle vit avec une de ses sœurs dans un logement confortable – dont l’emplacement exact est tenu secret – près de Stuttgart. Le programme dont elle a bénéficié inclut un suivi psychologique pour les anciens prisonniers, mais Murad a décidé d’y mettre un terme après deux sessions.

« Parler toute seule dans une pièce ne m’aidera pas – ni moi, ni ma famille », a-t-elle expliqué. « Mon autre sœur et mes trois frères qui ont survécu vivent toujours dans un camp. Les conditions sont terribles : la nourriture est souvent moisie, il n’y a pas d’eau ni d’électricité. Quatre des femmes de mes frères sont toujours entre les mains de l’EI, tout comme leurs enfants. Ce n’est pas en discutant avec quelqu’un que j’améliorerais leur situation. »

En voyageant avec Murad Ismael, cofondateur et directeur de Yazda, elle a passé ces trois derniers mois à écumer le Moyen-Orient, les États-Unis et l’Europe pour raconter son histoire à des dirigeants politiques et obtenir leur soutien. De cette manière, elle est devenue la porte-parole du génocide yézidi, et la figure de proue d’un mouvement qui vise à libérer les 3 500 femmes et enfants qui sont toujours esclaves pour l’EI.

La semaine dernière, je l’ai accompagnée alors qu’elle racontait son histoire à un groupe de députés aussi tristes que stupéfaits, à Westminster. « J’ai décidé d’en parler publiquement parce que je veux que les gens sachent ce qui m’est arrivé, et ce qui continue d’arriver à ces femmes », m’a-t-elle raconté peu après. « Ces horreurs me sont arrivées, et tout le monde éprouve de la sympathie pour moi. Mais personne n’a été sauvé et on ne fait aucun progrès. »

« Elle est devenue très célèbre, et les gens la soutiennent partout dans le monde » a déclaré Maher Nawaf, un militant Yazda basé au Royaume-Uni. « Elle a vécu de nombreuses épreuves que les Yézidis subissent encore aujourd’hui. Je ne sais pas comment elle fait pour être aussi forte, mais nous sommes tous très fiers d’elle. »

Murad est devenu une sorte d’héroïne locale – des fanarts d’elle fleurissent un peu partout sur la toile, et des graffitis à son effigie figurent un peu partout en Irak. Des centaines de milliers de personnes ont regardé des vidéos de son discours au Conseil de sécurité des Nations unies. Au sein de la communauté yézidie, les gens savent qu’elle a subi plusieurs traumatismes auxquels cette minorité religieuse fait désormais face.

« Son neveu est âgé de huit ans, a poursuivi Nawaf. Les gens de l’EI lui ont lavé le cerveau dans un de ces camps où ils lavent le cerveau des enfants. Ils ont dit qu’il tuerait son père. Cette femme a vécu tout ce qui est arrivé à la communauté yézidie – sa mère et ses frères ont été tués, sa belle-sœur est toujours en captivité, et les jeunes garçons de sa famille ont été enlevés par l’EI qui essaie de les transformer en tueurs. »

Bien que des militants yézidis fournissent des informations détaillées sur l’endroit de captivité de nombreux otages – lesquels parviennent parfois à donner des nouvelles via leur téléphone portable –, il n’y a eu aucune tentative de sauvetage, que ce soit de la part des forces internationales ou des troupes irakiennes et Peshmerga.

Face à cette impasse, des militants ont construit leur propre réseau clandestin en travaillant avec des chauffeurs de taxi infiltrés, qui prennent énormément de risques pour faire sortir des femmes et des enfants du territoire détenu par l’EI. Leurs services sont, sans surprise, plutôt onéreux. S’il y a peu de chance que le neveu de Murad se fasse secourir, elle insiste sur le fait que de nombreuses personnes de sa communauté pourraient être libérées.

Il arrive que des soldats de l’EI envoient des photos des personnes captives à leur famille afin de prouver qu’elles sont en vie – c’est ce qui continue de motiver Murad. « Hier, on m’a montré la photo d’une fille de 13 ans », a-t-elle expliqué aux députés du parlement. « Ils l’avaient vêtue de manière très sexuelle. »

Peu après, nous avons mangé un kebab dans le centre de Londres. « J’y vais petit à petit », m’a-t-elle confié durant le déjeuner, en faisant défiler des photos de ses proches emprisonnés sur son téléphone. À l’aide de l’équipe de Yazda, elle m’explique qu’elle aime écrire des discours, mais qu’elle lutte toujours pour mettre des mots sur l’horreur qu’elle a vécu. Nous nous sommes toutes les deux mises à rire en regardant les nombreuses peintures qui lui étaient dédiées.

« Je me sens très vieille aujourd’hui. J’ai 21 ans, et je sais que c’est jeune. Mais j’ai l’impression que chaque parcelle de mon être a changé entre leurs mains – chaque mèche de cheveux, chaque partie de mon corps a vieilli. Ce qu’ils m’ont fait m’a fatiguée, et je suis une personne complètement différente aujourd’hui. Je n’imaginais pas que ces choses puissent arriver, et j’ai vraiment du mal à le décrire de manière à ce que les autres puissent me comprendre. »

Pour le Prix Nobel de la paix, elle est en compétition avec le Pape François, l’équipe féminine afghane de cyclisme et l’économiste américain Herman Daly. Elle ne s’imagine pas vraiment gagner, mais elle est ravie d’avoir été nommée et esquisse un sourire timide lorsque je la félicite.

« Il y a beaucoup de personnes qui me soutiennent. Et je sais que beaucoup de gens aimeraient être en lice pour un Prix Nobel. Bien entendu, ça m’aiderait peut-être à faire libérer des personnes encore emprisonnées. Mais même si je venais à gagner le prix Nobel, je l’accepterais avec le cœur brisé. »

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